« Nous devons faire plus »

Élodie Guitteaud, traductrice à la Société canadienne du sang, partage sa fierté d’être Noire et ses réflexions sur l’inclusion.

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18 février 2021
Élodie Guitteaud, a Black employee at Canadian Blood Services poses outside by the snow.

En février, pour souligner le Mois de l’histoire des Noirs, nous célébrons les grandes réalisations et la vaste histoire des Canadiens noirs en mettant en lumière les contributions des employés noirs à la Société canadienne du sang. Élodie Guitteaud, une traductrice-réviseure d’Ottawa, nous parle de son travail, de ses origines et de ce que l’histoire et le patrimoine des Noirs signifient pour elle.

Il y a douze ans, Élodie Guitteaud, traductrice-réviseure à la Société canadienne du sang, a quitté la France pour venir au Canada, en quête d’une vie meilleure. À l’époque, une crise économique sévissait en France, mais ce n’était pas la seule raison de son départ. Il y avait aussi le racisme.

« Même si je savais qu’il y avait du racisme au Canada, l’histoire du racisme à l’égard des Noirs en France était plus personnelle, car c’est ce pays qui a soumis mes ancêtres à l’esclavage », explique Élodie.

Élodie est née en Martinique, un département français d’outre-mer situé dans la Caraïbe. Durant son enfance, ses parents lui parlent souvent de l’importance de ses origines et veillent à ce qu’elle connaisse l’histoire de son peuple, dont la traite des esclaves issus des pays d’Afrique de l’Ouest vers la Caraïbe.

Enfant, Élodie ne comprenait pas pourquoi les gens lui disaient qu’elle était noire. « Quand j’étais petite, j’ai demandé à ma mère pourquoi on me disait ça, parce qu’il me semblait que ma peau était plutôt marron pas noire, se souvient-elle. Mais j’ai été élevée par des parents qui étaient fiers d’être Noirs, et ils m’ont appris à ne jamais avoir honte de qui je suis ni de la couleur de ma peau. »

« J’ai décidé que c’en était assez »

Bien qu’Élodie ait toujours été fière d’être Noire, elle ne se sentait pas toujours à l’aise de l’exprimer. Elle ne voulait pas être perçue comme une activiste. Mais le meurtre de George Floyd est venu tout changer. L’homme de Minneapolis est mort tandis qu’il était sous la garde de la police en mai dernier, et la publication d’une vidéo largement partagée de son arrestation et de ses derniers moments a provoqué une immense colère dans le monde entier. « Quand j’ai vu cette vidéo, j’ai décidé que c’en était assez », déclare Élodie. Comme beaucoup d’autres, ces images l’ont poussée à parler davantage de son propre vécu.

« La mort de George Floyd a réveillé des choses enfouies en moi et j’ai décidé de passer à l’action et de m’investir plus activement. »

Ainsi, Élodie a choisi de rejoindre un groupe-ressource pour les employés (GRE) à la Société canadienne du sang. L’an dernier, l’organisation a créé deux GRE : l’un pour les personnes noires, autochtones et de couleur, l’autre pour les employés handicapés. Ces deux groupes s’ajoutent à un GRE pour les personnes LGBTQ+ et au Réseau de hautes dirigeantes. Les GRE permettent non seulement aux employés d’obtenir satisfaction à leurs besoins particuliers et de valoriser leur groupe d’appartenance en milieu de travail, mais ils leur donnent aussi l’occasion de discuter avec des dirigeants et d’inciter l’organisation à favoriser la diversité et l’inclusion.

« C’est mon profond désir de m’impliquer qui m’a poussée à participer aux premiers groupes de discussion ayant conduit à la création du GRE pour les personnes noires, autochtones et de couleur, affirme-t-elle. Honnêtement, je ne crois pas que ces GRE régleront les problèmes de l’organisation, mais je suis déterminée à donner une chance à ce projet et à demeurer optimiste. »

En tant que traductrice-réviseure, Élodie voit beaucoup de communications de la Société canadienne du sang avant qu’elles ne soient rendues publiques. « Je dois traduire, sous-titrer et réviser une multitude de contenus, poursuit-elle. Par conséquent, j’en apprends beaucoup sur les programmes de l’organisation. »

Au service de la Société canadienne du sang depuis huit ans, Élodie n’a jamais vu le genre de changement dont elle est témoin aujourd’hui sur le front de la diversité et de l’inclusion. « C’est bien de s’attaquer au racisme, mais il faut aussi se pencher sur des questions comme le respect, l’égalité des chances et l’accès aux rôles décisionnels. Alors, il reste beaucoup à faire. »

Célébrer le patrimoine des Noirs

Élodie est heureuse de voir que le Canada, son nouveau pays d’adoption, reconnaît de plus en plus les contributions des Noirs. Elle aimerait que l’on souligne l’histoire et le patrimoine des Noirs tous les jours, pas seulement pendant le Mois de l’histoire des Noirs. « Il est important que les Canadiens sachent que le dur labeur des esclaves noirs a aussi contribué à bâtir notre pays, déclare-t-elle. Si plus de gens connaissaient cette histoire, peut-être que nous, descendants d’esclaves, ne serions plus victimes d’injustices économiques et sociales. »

Elle est également ravie que la Société canadienne du sang marque cette célébration annuelle de l’histoire et du patrimoine des Noirs. « En célébrant le Mois de l’histoire des Noirs dans notre organisation, nous reconnaissons un chapitre important de l’histoire du Canada et faisons un pas vers une meilleure intégration », croit Élodie.

Tout comme d’autres organisations, la Société canadienne du sang a reconnu qu’elle avait des lacunes en matière de diversité et de représentation au sein de sa haute direction. Élodie espère que la Société respectera l’engagement qu’elle a pris l’année dernière à l’égard des minorités ethniques du Canada.

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Élodie Guitteaud and her colleagues pose by a sign at Canadian Blood Services head office in Ottawa.


Élodie Guitteaud (deuxième à partir de la gauche) et ses collègues posent au siège social de la Société canadienne du sang, en 2018. Élodie travaille comme traductrice-réviseure au sein de l’organisation depuis huit ans. Elle dit que son travail lui donne de l’espoir.

« Mon travail me donne de l’espoir »

À l’adolescence, Élodie voulait devenir chimiste et travailler dans le secteur des cosmétiques, mais elle a vite compris que pour étudier la chimie en France, il fallait apprendre beaucoup de notions de physique. N’aimant pas beaucoup cette matière, elle a décidé de poursuivre ses études dans un autre domaine où elle excellait : l’anglais. Ainsi, elle a obtenu une licence (équivalent du baccalauréat) en langues, littératures et civilisations étrangères (mention anglais) de l’Université de Polynésie française, puis un DESS Langues et techniques (équivalent de la maîtrise) du Centre de formation de traducteurs-localisateurs, terminologues et rédacteurs techniques (CFTTR) de l’Université Rennes 2, en France.

Élodie estime que son patrimoine culturel mixte et ses diplômes acquis à l’étranger sont des avantages pour elle-même et pour son organisation. Les deux lui donnent un regard unique sur le milieu de travail. Néanmoins, sa vaste expérience internationale ne l’a pas entièrement mise à l’abri d’un choc culturel, y compris au travail.

« Les Français sont reconnus pour s’emporter facilement tandis que les Canadiens tendent à aborder les choses d’une manière plus calme. Je dois donc m’habituer à la nature plus calme de la plupart des Canadiens, explique-t-elle. Je me réadapte constamment à cette nouvelle culture, à de nouveaux codes et à de nouvelles façons de nouer des relations. »

Élodie affirme également que son travail lui donne de l’espoir. Elle est fière de pouvoir aider des patients partout au pays grâce à ce qu’elle fait à la Société canadienne du sang.

« Pour moi, donner du sang et d’autres composants sanguins est une manière vraiment noble d’aider les gens. Par conséquent, aider à recruter des donneurs et à faire avancer la science dans ce domaine est un véritable honneur. »

Le Mois de l’histoire des Noirs est l’occasion de s’arrêter sur la contribution des Canadiens noirs à la société. Il nous rappelle également que des actions sont nécessaires pour supprimer les obstacles, favoriser l’égalité des chances et créer des espaces inclusifs non seulement pendant le mois de février, mais tout au long de l’année. Découvrez notre engagement envers la diversité, l’équité et l’inclusion à sang.ca/DEI.

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