Une voyageuse ressent le besoin de donner

Tracey Evans vainc sa peur des aiguilles pour donner du sang et une partie de son foie 

Inspiration
2 juillet 2020
Tracy

Enfant, Tracey Evans se fixait d’ambitieux objectifs pour l’avenir.  

Tout d’abord, elle voulait une carrière qui l’amènerait à voyager autour du monde. Un choix logique, puisque ses parents, qui travaillaient dans l’industrie aérienne, l’ont habituée dès son plus jeune âge à voyager fréquemment. Un autre de ses objectifs faisait preuve d’une ambition encore plus grande.  

« Je me suis toujours dit que, d’une manière ou d’une autre, j’aimerais sauver une vie », explique la jeune femme de 29 ans. « Je voulais sauver une vie humaine. »  

À un moment, elle a cru qu’elle pourrait satisfaire ces deux envies en participant activement à des opérations de secours à l’étranger, mais sa carrière a pris une autre tournure. Au lieu d’acheminer de l’aide humanitaire, elle voyage dans le monde entier pour gérer des projets éducatifs au nom d’une organisation de développement international.   

« J’ai alors commencé à réfléchir à une autre manière de sauver la vie de quelqu’un. Et j’ai découvert le don d’organe », raconte-t-elle. « Pour moi, cette solution avait beaucoup de sens. »  

Don et greffe d’organes et de tissus au Canada 

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Tracey Evans basecamp

Grande voyageuse, Tracey Evans a fait un trek avec son père jusqu’au camp de base de l’Everest, au Népal, en 2018. L’image en tête de cet article montre Tracey au cours de cette même aventure sur le mont Everest. 

En 2016, Tracey s’est portée candidate pour donner anonymement l’un de ses reins. Dans bien des cas, un seul rein suffit pour les fonctions vitales, alors il est possible de donner un organe de son vivant.   

Malheureusement, les médecins craignaient que Tracey ne puisse pas se passer d’un des siens : des analyses initiales ont révélé qu’elle risquait, à long terme, d’avoir des problèmes rénaux.  

« Cette nouvelle m’a anéantie », a-t-elle écrit à ses amis sur les réseaux sociaux. « Je voulais tellement sauver la vie de quelqu’un, et j’avais l’impression que c’était mon destin, mais la médecine me disait que je n’étais pas la bonne candidate. »  

Il lui a fallu du temps pour se remettre de sa déception, mais Tracey n’a pas laissé tomber son idée. Plus tard, elle a demandé à pouvoir donner une partie de son foie. Les adultes en bonne santé doivent subir un grand nombre d’analyses, mais ceux qui satisfont aux exigences peuvent se faire opérer sans danger. Il est possible de prélever jusqu’à la moitié du foie à l’intention d’un receveur.    

Cette fois, Tracey a eu le bonheur d’apprendre qu’elle était admissible. 

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Tracey Evans liver donation

Tracey Evans se prépare à l’opération au cours de laquelle on prélèvera une partie de son foie. Grâce à ce don qu’elle a fait de son vivant, elle a aidé à sauver la vie d’un enfant.

Parfois, l’aventure prenait des allures de montagnes russes émotionnelles. La première opération de Tracey a été annulée seulement 12 heures avant l’heure prévue. On l’avait informée que cela pouvait arriver si le patient était trop malade pour une greffe, mais ce fut tout de même une déception.  

Le don a finalement pu se dérouler quelques semaines plus tard. Pour Tracey, cette expérience a été enrichissante et une véritable leçon d’humilité. La cicatrice sur son ventre est un précieux rappel de son don et de l’enfant qu’elle a aidé. Aujourd’hui encore, elle ne sait pas si l’enfant qui a reçu son foie est le même que celui pour qui la greffe a été annulée à la première tentative.   

« Je savais en signant que l’anonymat serait total », explique Tracey. « Je suis en paix avec ça, car je sais que mon foie a été donné à la personne qui en avait le plus besoin, et l’opération s’est bien passée. »  

« J’ai dû affronter ma peur des aiguilles »  

Si Tracey n’a jamais hésité à aller de l’avant avec son don d’organe, le processus ne s’est pas fait sans inquiétude.  

« J’ai dû affronter ma peur des aiguilles à de multiples reprises », explique-t-elle.  

Elle avait déjà essayé de faire face à sa peur par le passé, en vain. Elle se souvient notamment d’une tentative en 2009 à un kiosque de la Société canadienne du sang sur son campus universitaire.    

« On nous proposait de découvrir notre groupe sanguin en prélevant un minuscule échantillon de sang par une petite piqûre sur le doigt. Pendant que j’attendais dans la file, je me suis évanouie en voyant la personne avant moi se faire piquer. »   

En se concentrant sur la vie qu’elle allait pouvoir sauver, Tracey a réussi à contrôler sa peur pendant le processus de don d’organe.   

« Il n’était pas question que ma phobie des aiguilles me fasse renoncer à donner mon foie à quelqu’un », explique Tracey.  

Et lorsque les aiguilles entraient en jeu, elle avait trouvé sa source de réconfort : des photos d’Hudson, le golden retriever de sa sœur.  

« Je regardais toujours une de ses photos pour me distraire », raconte-t-elle.   

Connaissez-vous votre groupe sanguin? 

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Tracey Evans with Hudson

Grâce à des photos d’Hudson, l’adorable golden retriever de sa sœur, Tracey Evans a pu affronter sa peur des aiguilles lorsqu’elle a donné une partie de son foie.   

Une autre occasion de donner 

Nous voilà au printemps 2020, et Tracey traverse la période de pandémie à Ottawa. Ses voyages internationaux ont été suspendus, mais elle a vite trouvé une consolation : elle a appris qu’elle était admissible au don de sang.   

« Je cherchais des façons d’aider concrètement ma collectivité. Les infirmières et les travailleurs en première ligne y contribuent tellement. Je me demandais si rester à la maison était vraiment la seule chose que je pouvais faire. N’y avait-il pas une autre solution? »   

« Donner du sang dans cette période m’a semblé être cette solution. »  

Le don de sang n’avait jamais été une évidence pour Tracey par le passé, en raison de sa peur des aiguilles et de ses fréquents voyages. Les voyageurs peuvent ne pas être autorisés à donner pendant une longue période suivant la visite de certains pays, notamment ceux où le risque de malaria est élevé.  

L’abc de l’admissibilité – Voyages 

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Tracey Evans

En raison de ses fréquents voyages, notamment dans des pays où le risque de malaria est élevé, Tracey Evans ne pouvait pas donner de sang. Elle a récemment donné du sang pour la première fois, après avoir donné une partie de son foie.

Toujours nerveuse face aux aiguilles, Tracey s’est bien préparée à son rendez-vous en s’informant sur le don de sang. Elle a choisi de donner en même temps qu’un ami pour se sentir plus rassurée. Son expérience de donneuse d’organe a également été une source de motivation.  

« Après une greffe d’organe, les receveurs ont besoin d’énormément de sang », explique Tracey. « Quand on y pense, donner juste l’organe n’est presque pas assez. Pour que la greffe réussisse, il faut tellement plus, y compris des dons de sang. »  

Le matin de son rendez-vous, Tracey s’est réveillée « pleine d’excitation, d’énergie et d’inspiration. » Comme son don s’est très bien passé, elle a hâte de répéter l’expérience. Selon elle, il sera possible de prévoir deux autres rendez-vous d’ici son prochain voyage à l’étranger.   

« Je n’ai pas de tatouage, mais on m’a dit que c’est comme une drogue : après le premier, on en veut toujours plus. Maintenant que j’ai fait mon premier don, j’avoue que c’est l’effet que me fait le don de sang. Je compte déjà les jours jusqu’à mon deuxième rendez-vous. »   

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