Un pays, une stratégie : harmonisation de la stratégie vaccinale du Canada pour mieux faire face à la prochaine pandémie


Dans un article du JAMC, des auteurs proposent que le Canada crée une Société canadienne de l’immunisation calquée sur le modèle de la Société canadienne du sang afin de se préparer à la prochaine pandémie et d’assurer une intervention coordonnée en matière de vaccination à l’échelle du pays (Journal de l’Association médicale canadienne).

Les auteurs, qui cumulent de l’expertise dans les domaines des politiques sur la santé et de l’immunisation, le système du sang et de l’expérience à titre d’ancienne ministre fédérale de la santé, sont le Dr Kumanan Wilson, professeur au Département de médecine et membre du Centre de droit, politique et éthique de la santé de l’Université d’Ottawa; le Dr Graham Sher, chef de la direction de la Société canadienne du sang, et la Dre Jane Philpott, doyenne de la Faculté des sciences de la santé de l’Université Queen’s.

« Si nous voulons être mieux préparés à faire face à la prochaine pandémie, il est temps d’emprunter une nouvelle voie audacieuse, indique le Dr Kumanan Wilson. Nous proposons l’établissement d’une collaboration intergouvernementale dans le cadre d’une entité autonome; une telle solution a été porteuse de succès après le scandale du sang contaminé, l’une des pires crises de santé publique du Canada. Grâce à la création d’un système de gestion du sang de calibre mondial, nous avons réussi à surmonter une crise sanitaire et à en sortir plus forts. Nous pouvons y parvenir encore une fois. »

Divers rapports, notamment ceux du vérificateur général fédéral, ont décrit les problèmes associés au mode de collaboration actuel entre les différents paliers du fédéral, des provinces et des territoires. Des calendriers de vaccination qui varient selon les provinces et les territoires, l’emploi d’une terminologie différente et des écarts dans le suivi des taux de vaccination ont mené à une fragmentation du système canadien.

« Il est difficile de coordonner les activités en matière de surveillance des maladies infectieuses et d’immunisation de masse en l’absence de données et de systèmes harmonisés, ajoute le Dr Wilson. Notre réponse à la COVID-19 a été entravée par les nombreux problèmes qui perdurent dans le domaine de la santé publique depuis vingt ans. »

La gestion des menaces de santé publique relève principalement des provinces et des territoires, et il est difficile de mettre en œuvre des initiatives portées unilatéralement par le gouvernement fédéral.

Les auteurs proposent la création d’un organisme à but non lucratif — la Société canadienne de l’immunisation — financé par les provinces et territoires participants, et potentiellement par le gouvernement fédéral, selon le modèle de la Société canadienne du sang.

« Il y a 23 ans, la Société canadienne du sang a pris en charge dans tout le pays (à l’exception du Québec) le système national du sang, qui était indéniablement défectueux, rappelle le Dr Graham Sher. Notre organisme, qui avait pour mission de rétablir l’intégrité du système du sang, a tiré des leçons d’une tragédie pour bâtir un système digne de confiance. Notre système de gestion du sang est maintenant l’un des plus sûrs du monde. Nous croyons que le Canada peut se préparer efficacement à la prochaine pandémie en établissant un système de vaccination de calibre mondial fondé sur le même modèle. »

La création de la Société canadienne d’immunisation présenterait les avantages suivants :

  • capacité pour le Canada d’acheter des vaccins en gros;
  • surveillance des vaccins et gestion de la chaîne d’approvisionnement assurées par une entité unique plutôt que par une constellation d’organismes;
  • norme commune de données pour en faciliter l’échange entre les provinces et les territoires;
  • capacité d’accéder rapidement à l’expertise sans être entravé par les contraintes gouvernementales liées à l’embauche.

« Si nous voulons mieux préparer le secteur de la santé publique à la prochaine pandémie, il faut apporter les changements nécessaires dès maintenant », concluent les auteurs.

Contact médias :

Kim Barnhardt, JAMC : kim.barnhardt@cmaj.ca

Delphine Denis, Société canadienne du sang : Delphine.denis@blood.ca

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