L’importance des dons de plasma pour les patients : une incroyable histoire

Les besoins des patients ne cessent d’augmenter pour ce composant du sang de couleur paille qui est à la base de médicaments pouvant sauver des vies.

13 octobre 2021
Ron Shivji looking at bag of plasma while donating plasma

Ron Shivji, de Calgary (Alberta), a donné du plasma des centaines de fois.

Demandez à quiconque de décrire le « sang » à l’aide d’un seul mot et il y a fort à parier qu’il choisira une couleur : le rouge. Cependant, saviez-vous que les globules rouges représentent moins de la moitié de votre volume sanguin? En fait, le sang qui circule dans vos vaisseaux sanguins est principalement constitué d’un composant jaune pâle appelé plasma.

A medical laboratory technologist holding a bag of blood separated into components.


Lorsqu’un don de sang total est passé dans une centrifugeuse, les différents composants deviennent visibles par couches. Le plasma, le composant de couleur paille, constitue la majeure partie du volume. (Photo prise avant la pandémie de COVID-19)

Ce liquide pâle est tout aussi essentiel pour sauver des vies que les globules rouges. Le plasma sanguin peut être transfusé directement aux patients souffrant d’insuffisance hépatique, d’infections graves ou de brûlures sévères. Il existe cependant un secteur où la demande de plasma sanguin ne cesse d’augmenter, tant au Canada qu’ailleurs dans le monde : la fabrication de produits spécialisés pour des déficiences immunitaires, des troubles de la coagulation, de terribles maladies auto-immunes et plus encore. Pour fabriquer ces produits, les dons sont regroupés et « fractionnés », un processus qui sépare et extrait des protéines spécifiques du mélange de plasma. Une seule dose de certains produits à base de protéines plasmatiques peut contenir des protéines provenant de plus de mille donneurs.

Cette vidéo a été filmée avant la pandémie de COVID-19.

Pour répondre aux besoins des patients du Canada qui dépendent de ces produits, nous nous efforçons d’augmenter considérablement la collecte de plasma. Il y a cependant un défi à relever. Bien que la Société canadienne du sang obtienne du plasma à partir de dons de sang total, et ce depuis des dizaines d’années, nous ne sommes pas en mesure de répondre à la demande en forte hausse par cette seule méthode. En effet, cela entraînerait une surabondance de globules rouges provenant de nos généreux donneurs.

À quoi sert le plasma?

Sikh Nation encourage les dons de plasma

La réponse est un recours accru à la plasmaphérèse : un processus permettant de donner uniquement la partie plasmatique du sang, en utilisant une machine d’aphérèse. La machine renvoie des globules rouges et d’autres composants sanguins à l’organisme pendant le don (comme vous pouvez le voir dans la vidéo ci-dessus). Cela permet aux donneurs de sang uniquement plasmatique de donner beaucoup plus fréquemment que les donneurs de sang total – jusqu’à une fois par semaine, contre une fois tous les deux ou trois mois pour le sang total. En outre, durant chaque séance, ils peuvent également donner jusqu’à trois fois plus de plasma que ce que contiendrait un seul don de sang total. Notre corps fabrique en permanence les composants du plasma et peut les remplacer rapidement.

Un millier de dons de plasma, et ce n’est pas fini, à Charlottetown, Î.-P.-É.

Des donneurs de plasma deviennent les « Amis du vendredi » à London, en Ontario

Plasma donor Shannon Morrison sitting in the donation chair


Shannon Morrison a donné du plasma lors du premier anniversaire du centre de donneurs de plasma à Sudbury, en Ontario, en août 2021. Son fils Heydan se fait injecter un médicament dérivé du plasma.

Le don de plasma, un moyen simple et efficace de servir la communauté

L’efficacité du don de plasma est précisément ce qui a motivé Ron Shivji, père de deux enfants à Calgary (Alberta), à passer du don de sang au don de plasma il y a environ quinze ans.

« Je travaille dans le domaine de l’approvisionnement, qui touche les gains d’efficience », explique M. Shivji, qui approche maintenant de son 500e don de plasma. « Je me suis dit que si j’étais en mesure de faire des dons fréquents, et que cela équivalait à trois dons de sang total, pourquoi ne pas y aller? »

L’engagement régulier l’a également séduit. Musulman ismaélien, Shivji a grandi dans une famille et une communauté qui se font une priorité de rendre service aux autres. Il considère ses rendez-vous du vendredi pour le don de plasma comme l’équivalent d’un devoir bénévole hebdomadaire.

Ron portrait


Ron Shivji, de Calgary (Alb.), donne du plasma régulièrement depuis une quinzaine d’années.

« Selon moi, si chacun aidait son prochain, le monde se porterait beaucoup mieux », explique-t-il.

Mais contrairement à d’autres possibilités de bénévolat, le don de plasma est un engagement de temps fixe, note M. Shivji. Et c’est attrayant. Dans les 90 minutes qui suivent son entrée au centre de donneurs, il a terminé pour la semaine.

« On vous remercie, vous prenez vos biscuits et votre boisson, et vous partez : mission accomplie, vous avez fait votre part pour aider autrui », dit M. Shivji.

Comprendre les motivations des donneurs de plasma

 

Les donneurs de plasma canadiens aident les patients canadiens

Chacun des dons de M. Shivji est utilisé pour aider un patient quelque part au Canada. Après avoir été analysés, ses dons de plasma voyagent avec d’autres dons de la Société canadienne du sang vers une entreprise de fractionnement aux États-Unis ou en Europe. Cette dernière les regroupe pour en faire des médicaments essentiels, qui nous sont ensuite réexpédiés pour être livrés aux hôpitaux canadiens.

Pedro Custodio in Brampton warehouse


Les médicaments fabriqués à partir de plasma sont stockés dans les établissements de la Société canadienne du sang, comme celui-ci à Brampton (Ontario), avant d’être livrés aux hôpitaux. (Photo prise avant la pandémie de COVID-19)

Afin de répondre aux besoins des hôpitaux et des patients de tout le pays, la Société canadienne du sang achète également des protéines plasmatiques et des produits connexes sur le marché mondial. Mais la pandémie de COVID-19 a également fait prendre conscience à tous du risque de dépendre trop fortement de médicaments et d’autres produits essentiels provenant de l’étranger.

Sécurité et pérennité de l’approvisionnement en plasma : en savoir plus

« Au début de la pandémie, la collecte de plasma aux États-Unis a considérablement diminué », explique Sylvain Grenier, pharmacien et directeur du programme de protéines plasmatiques et de produits connexes de la Société canadienne du sang.

Cette baisse a eu des répercussions sur la production d’immunoglobuline, le produit protéique plasmatique le plus demandé dans le monde. Pour certains déficits immunitaires graves, c’est le seul traitement disponible.

« Nous sommes confrontés à des maladies qui peuvent causer la mort. Pour ces patients, l’immunoglobuline est absolument nécessaire », explique M. Grenier.

Sylvain Grenier for story


Sylvain Grenier est pharmacien et directeur du programme de protéines plasmatiques et de produits connexes de la Société canadienne du sang. (Photo prise avant la pandémie de COVID-19)

Heureusement, souligne M. Grenier, en collaborant avec les fabricants de produits pharmaceutiques, les partenaires gouvernementaux et les hôpitaux pour optimiser la gestion des produits dérivés du plasma dans notre chaîne d’approvisionnement, la Société canadienne du sang a pu répondre aux besoins de tous les patients au cours de ces premiers jours difficiles de la pandémie. Et elle continue de le faire. Mais nous sommes également tournés vers l’avenir et nous nous demandons comment les donneurs canadiens peuvent nous aider à répondre à la hausse rapide de la demande d’immunoglobulines.

« D’année en année, nous constatons une augmentation d’environ 8 % de l’utilisation d’immunoglobulines », explique Elizabeth Stucker, directrice de la planification stratégique et de l’intégration des activités liées au plasma à la Société canadienne du sang.

« De récentes données suggèrent que la hausse de la demande va se poursuivre au cours des prochaines années. Ainsi, chaque année, nous devrons collecter plus de plasma que l’année précédente. »

C’est la raison la plus importante pour laquelle nous accueillons de plus en plus de donneurs de plasma dans la chaîne de vie du Canada. En août 2020, nous avons ouvert notre premier centre autonome de collecte de plasma à Sudbury (Ontario), suivi de deux autres à Lethbridge (Alberta) et à Kelowna (Colombie-Britannique). D’autres sont prévus dans les villes ontariennes d’Ottawa et de Brampton. Entre-temps, nous continuons d’accueillir des donneurs de plasma chevronnés comme Ron Shivji, ainsi que de nouveaux donneurs, dans nos centres établis dans d’autres villes du Canada.

Comment donner du plasma dans les centres de donneurs au pays

Ian Harrop


Ian Harrop, de Calgary (Alberta), qui a donné du sang total avant de devenir un donneur régulier de plasma dans les années 1990, a célébré son 600e don en sautant en parachute.

Lorsque vous donnez du plasma, vous ne savez jamais qui le recevra. Dans le cas de Ron Shivji, on peut supposer que plusieurs de ses dons ont aidé un autre Calgarien, Dean Lower.

Il y a quatre ans, Dean, 51 ans, était un cadre du secteur financier en bonne santé. Il a malheureusement développé une polyneuropathie inflammatoire démyélisante chronique (PIDC) : son système immunitaire attaquait ses nerfs.

« Je suis retourné à l’hôpital et j’ai commencé un périple de 60 jours, avec un arrêt aux soins intensifs, se souvient Dean Lower. On a dit à ma femme que je ne survivrais probablement pas aux soins intensifs, et que si je survivais, je serais probablement quadriplégique. Ou, dans le meilleur des cas, paraplégique. »

Dean portrait


Dean Lower a été traité avec des médicaments fabriqués à partir de plasma donné pour une maladie appelée polyneuropathie inflammatoire démyélinisante chronique (PIDC).

Les donneurs de plasma ont aidé Dean à éviter cette issue. Au cours de ce deuxième séjour à l’hôpital, il a reçu une forte dose d’immunoglobulines ainsi que de l’albumine. L’albumine est une protéine plasmatique employée depuis longtemps à titre thérapeutique. Elle a été extraite avec succès du plasma au début des années 1940, après que le Dr Edwin Cohn, biochimiste à l’Université Harvard, eut été chargé de trouver un dérivé ou un substitut sanguin stable qui puisse être stocké et expédié partout dans le monde, pour traiter les soldats blessés. Le Dr Cohn et ses collègues ont non seulement contribué à sauver la vie de nombreux soldats pendant la Seconde Guerre mondiale, notamment à Pearl Harbor, mais ils ont aussi été les premiers à fractionner le plasma, ouvrant ainsi la voie à de nombreux autres produits – dont les immunoglobulines – qui permettent aujourd’hui de sauver des vies.

Le traitement de Dean Lower consistait à prélever son propre plasma et à le remplacer par une solution d’albumine, un processus appelé « échange plasmatique ». Alors qu’il était immobilisé à l’hôpital, les médecins ont continué à lui administrer ce traitement jusqu’à ce que son état commence à progresser.

« Un matin, au réveil, j’ai bougé le pouce. C’était la première fois en six semaines environ, raconte M. Lower. Puis, dans l’après-midi, mon autre pouce a bougé. Le lendemain matin, je pouvais bouger la main pour actionner la télécommande de la télévision. »

Peu après, il a également pu remuer les orteils. Comme les fonctions de M. Lower continuaient à s’améliorer de façon spectaculaire, son équipe médicale a arrêté les échanges plasmatiques après 26 traitements.

« C’était miraculeux de voir mon corps revenir peu à peu à la vie, grâce au plasma », dit M. Lower.

Dean with bike


Dean Lower, de Calgary (Alb.), a retrouvé sa mobilité grâce à des produits dérivés du plasma, un composant du sang.

La plupart des gens n’ont jamais entendu parler d’échanges plasmatiques, mais le neurologue de Dean Lower, au South Health Campus de Calgary, affirme que tout comme les immunoglobulines, ils sont essentiels pour bon nombre de ses patients.

« Notre clinique d’échange plasmatique est un endroit très occupé », explique le Dr Christopher Hahn, professeur adjoint de clinique au département des neurosciences cliniques de l’Université de Calgary. « Chaque jour, un patient fait l’objet d’un échange plasmatique. »

Et comme c’est le cas pour certaines déficiences immunitaires, pour certaines des maladies neurologiques auto-immunes que le Dr Hahn traite, les traitements dérivés du plasma sont la seule option.

« Dans le cas du syndrome de Guillain Barré, ce sont les immunoglobulines intraveineuses (IgIV) ou l’échange plasmatique, dit-il. Il n’y a rien d’autre. Si nous n’avions pas ces produits, nous perdrions notre capacité à traiter une affection qui n’est pas rare. Et pour certaines des autres pathologies, les IgIV et les échanges plasmatiques ont moins d’effets secondaires que d’autres médicaments et sont mieux tolérés. »

Les donneurs de plasma ont aidé Dean Lower à traverser les heures les plus sombres de sa maladie. Même après avoir quitté l’hôpital une deuxième fois, il a reçu de nombreux autres traitements à base d’immunoglobulines avant de pouvoir bénéficier d’un médicament plus récent qui cible un anticorps spécifique. Il mène désormais une vie active. L’hiver dernier, il est allé skier pour la première fois depuis son diagnostic. Et lors d’une randonnée en juillet avec sa femme au lac Moraine, au milieu d’une vue imprenable sur les Rocheuses, ses pensées se sont tournées vers les donneurs de plasma, sans lesquels cette aventure aurait été impossible.

« Nous sommes arrivés tôt le matin et avons simplement marché le long du lac. C’était si calme, si paisible et si beau, se souvient-il. Je me suis dit que j’aurais été incapable de faire cette randonnée, même en fauteuil roulant. »

Dean at Moraine Lake


Dean Lower a retrouvé une vie active grâce, en partie, aux donneurs de plasma. Ils ont été essentiels à son traitement contre la neuropathie inflammatoire démyélinisante chronique et pourraient l’être à nouveau à l’avenir..

M. Lower est également conscient qu’avec cette maladie, les choses peuvent changer en un clin d’œil. Dans quelques années, il s’attend à devoir sevrer le médicament qui l’aide actuellement, et il est possible qu’il doive reprendre les traitements par échange plasmatique. Il est rassuré de savoir que, grâce aux donneurs, ce traitement sera disponible. Et il est très reconnaissant pour la seconde chance qu’ils lui ont déjà donnée.

« La vie se mesure en moments, dit Dean Lower. Nous avons célébré le 18e anniversaire de mon fils en mars et j’ai pu être là pour ça. Je suis donc reconnaissant. »

Les dons de plasma sont utilisés pour fabriquer des produits qui aident les patients souffrant de déficiences immunitaires dévastatrices, d’affections neurologiques et autres. La demande pour ces produits connaît une forte augmentation. Pour donner du plasma, utilisez l’application DonDeSang, prenez rendez-vous en ligne à l’adresse sang.ca ou composez le 1 866 JE DONNE. Pour en savoir plus sur le syndrome de Guillain-Barré et la polyneuropathie démyélinisante inflammatoire chronique (PDIC), visitez le site de la Fondation canadienne du SGB/PDIC.

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