Étudier la prévalence de la COVID-19 à la vitesse grand V

Un laboratoire analyse chaque jour des milliers d’échantillons sanguins pour y détecter les anticorps contre la COVID-19

Innovation
6 octobre 2020
Featured image of blue gloved hand holding a tray of test tubes ready for testing in a lab.

Le vendredi touchait déjà à sa fin lorsque Craig Jenkins a reçu un appel urgent de Chantale Pambrun, la directrice du Centre d’innovation de la Société canadienne du sang.

« Elle m’a demandé quelle était la probabilité qu’on puisse analyser 10 000 échantillons dans la première semaine », se souvient Craig, gestionnaire principal au sein du groupe chargé du développement de produits et de procédés au Centre d’innovation.

Le lendemain matin, il la retrouve au laboratoire d’Ottawa avec Valerie Conrod, technologue de laboratoire médical principale. Toute la semaine, ils y passeront 14 heures par jour pour atteindre cet objectif fixé dans le cadre de la première étude canadienne visant à déterminer la prévalence des anticorps contre la COVID-19 dans le sérum sanguin des Canadiens. La séroprévalence correspond à la proportion de personnes ayant été exposées à un pathogène. On la détermine en mesurant la quantité d’anticorps contre ce pathogène présents dans le sérum sanguin.

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Image of Lab team members Valerie Conrod, Stacey Vitali, Andy Tshiula Kalenga and Carissa Kohnen standing in beside a freezer in the lab


Valerie Conrod, Stacey Vitali, Andy Tshiula Kalenga et Carissa Kohnen, de l’équipe du laboratoire, appuient les travaux du Groupe de travail sur l’immunité en lui fournissant des données nécessaires à la détermination du taux d’infection à la COVID-19 au Canada.

En avril 2020, lorsque le gouvernement fédéral a mis sur pied le Groupe de travail sur l’immunité face à la COVID-19, la Société canadienne du sang et son homologue québécoise, Héma-Québec, ont offert leur aide. Le laboratoire sur la prévalence de la Société canadienne du sang a déjà analysé plus de 60 000 échantillons sanguins provenant de donneurs de tout le pays pour y détecter les anticorps contre la COVID-19. Il a ainsi pu fournir des données précieuses aux autorités sanitaires et aux décideurs canadiens.

Lancer l’étude n’a cependant pas été une mince affaire, mais Craig Jenkins est connu pour être quelqu’un de déterminé. Grâce à une équipe dans le même état d’esprit, la Société canadienne du sang a pu mettre sur pied l’étude de la séroprévalence en une fraction du temps qu’il aurait fallu pour le faire en temps normal.

« On peut tout faire, si on a la volonté nécessaire. Nous savions qu’il s’agissait d’une occasion pour la Société canadienne du sang d’apporter sa contribution, alors dans les premières semaines, nous avons décidé de tout faire pour rendre cela possible », explique Craig.

Persister malgré les perturbations

Le laboratoire compte aujourd’hui quatre employés, et depuis cette toute première semaine, il mène en moyenne 2 400 analyses par jour. Il a pourtant rencontré bien des difficultés.

Il était prévu de fermer l’espace dans lequel l’équipe travaille actuellement, mais en quelques semaines à peine, un groupe l’a transformé en un laboratoire sur la séroprévalence fonctionnel. Il a fallu acquérir des appareils spécialisés et, dans certains cas, les moderniser et les reprogrammer pour leur nouvel usage. Il était aussi nécessaire de disposer d’un congélateur-chambre prêt à l’emploi et fiable.

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Image of boxes in the freezer with a lab technician


Des milliers d’échantillons congelés en attente d’analyses dans un congélateur-chambre du laboratoire sur la séroprévalence de la Société canadienne du sang.

En outre, la pandémie a causé une augmentation soudaine de la demande pour des articles très spécialisés — et parfois surprenants —, ainsi que des interruptions de la chaîne d’approvisionnement dans certains cas. Si, pour la majorité d’entre nous, c’est le papier toilette qui avait disparu des tablettes, pour le laboratoire, c’était un embout de pipette spécial et essentiel pour mener les analyses, dont les quantités étaient limitées.

Cette pénurie aurait pu faire perdre deux semaines à l’étude. Par chance, le contact de Craig chez le fournisseur a pu faire en sorte que la Société canadienne du sang emprunte quelques boîtes d’embouts et les rende quelques semaines plus tard, une fois la commande réceptionnée. Un service que nous avons nous-mêmes rendu à une autre organisation lorsqu’elle a eu besoin de ces mêmes articles quelques semaines plus tard, et que nous en avions en grande quantité.

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Image of Carissa Kohnen and Andy Tshiula Kalenga working with samples and preparing for testing.


Carissa Kohnen et Andy Tshiula Kalenga préparent les échantillons en vue des analyses.

« Quand on essaie d’accomplir quelque chose d’extraordinaire, beaucoup de gens nous font la liste de toutes les raisons pour lesquelles ce sera un échec », explique Craig. « Il faut adopter une approche différente et se dire : je veux faire quelque chose d’important, comment puis-je y arriver? Et alors, on se met au travail. »

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Image of Senior medical lab technologist Valerie Conrod standing in front of the large machine to test samples


Valerie Conrod, technologue de laboratoire médical principale, utilise une grande machine pour analyser les échantillons préparés et détecter les anticorps contre la COVID-19.

La Société canadienne du sang a su faire preuve d’ingéniosité pour répondre aux besoins des Canadiens dans le contexte en constante évolution de la pandémie de COVID-19. C’est avec une grande reconnaissance qu’elle apporte sa pierre à l’édifice en participant à des projets inédits, comme l’étude de la séroprévalence en cours et les essais cliniques nationaux visant à évaluer la possibilité que le plasma de convalescents puisse constituer une option de traitement sûre et efficace pour les patients infectés par le coronavirus.

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